27 avril 2011

La berlue inspire

♪«Incognito!»

J’aurais aimé avoir été capable de garder mon calme lorsque j’ai vu son nom sur l’afficheur. J’aurais aimé ne pas avoir les jambes molles lorsqu’il a osé dire ton nom. Ton putain de nom! Comme si je ne l’avais pas assez entendu, assez lu, assez tu! Me fondre à jamais dans le silence de l’absence de ton nom.

La prochaine fois, je frencherai un inconnu, un vrai, un pas connu pantoute. Je frencherai l’invisible. Je me camouflerai dans ses bras puis il m’enveloppera de son anonymat.

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♪«Your heart is as black as night»

De mes yeux vu, de mes oreilles entendu, de ma bouche parlu. L’étrange berlue de l’hurluberlue.

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♪«Les étoiles, les étoiles, les étoiles»

L’inspiration n’est pas quelque chose qui se commande. On ne sait jamais trop quand ça nous frappera. Bien moi, un soir, c’est revenu. J’ai dû courir un crayon et une vieille enveloppe de compte d’Hydro. Je me vois encore, courir dans la cuisine comme une poule pas de tête, me répétant la phrase sans cesse, pour ne pas l’oublier, pour ne pas la laisser s’échapper, Dieu que je voulais la garder, pour moi, cette phrase.

Cette phrase, salvatrice de tous mes problèmes, celle qui me fera enfin sortir de mon quotidien pour encore une fois me réfugier parmi les lettres, les mots, mes amis. Comme si elle allait me sauver la vie, me sauver le cœur.

Un exutoire divin, à sa manière. À la manière qu’il a d’être le mien. Moi, les mots, mon chien, personne d’autre. Le bruit des touches, la pluie, la petite lumière sur le bord de mon bureau, je me retrouve enfin.

20 avril 2011

Le vide incommodant

♪«Let me catch my breath»

Lorsque je pourrai te conjuguer au passé. Quand j’arrêterai de verser dans la curiosité morbide. Mes lettres, privées de destinataire, je pourrai enfin respirer. Lorsque j’entendrai ton nom et que mon cœur ne voudra plus sortir de ma poitrine. Quand le téléphone sonnera et que je ne penserai plus que c’est toi qui reviens. Mon être, privé de toi, je pourrai enfin respirer.

Lorsque j’aurai la force de te conjuguer au passé. Le présent, plus léger, je pourrais enfin respirer. Quand l’espoir de te croiser par hasard m’aura quitté, tu me quitteras enfin avec celui-ci. Ma tête, vidée de nous, je pourrai enfin respirer.

Je souffre d’apnée de toi.

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♪«Te quitter est trop difficile»

Je reste assise là, devant la page blanche. Mes personnages ne me parlent plus, ils me boudent. Ils ne veulent plus me montrer où ils s’en vont, ils se cachent. Ils ne me montrent plus de bribes de leurs passés, ils se sont tus. Ils t’ont laissé toute la place et ça me fait chier.

La page blanche de se noircie plus. Mes doigts ne courent plus sur le clavier pour suivre l’histoire. Mes crayons, plus que jamais inutiles, dorment dans le fond de ma sacoche. Je ne cours plus les bouts de papier qui trainent parce qu’un d’eux vient de me faire une confidence.

Ils ne me murmurent plus rien, le silence. S’ils me parlent, tu es leur sujet principal, ils me disent combien ils ont hâte de te voir sortir de ma tête. Ils ne t’aiment pas, ils me l’ont bien fait comprendre. Tu prends toute la place et ça les fait chier.

Tu ne peux pas t’intégrer à l’histoire, tu ne cadres pas dans le décor. Tu devrais sortir, comme tu es entré, rapidement, sans prévenir, en silence, à pas de loup. Quitte-moi. Quitte mes pages blanches. Laisse-moi ne plus les noircir de toi.

13 avril 2011

Les films thérapeutiques

♪«And we’ll get a chinese and watch TV»

J’ai échoué, je me suis trahie. Je suis allée au club vidéo et j’ai laissé la tentation m’emporté. Les maudits films de filles. Un pot d’Häagen-Dazs et une boîte de Kleenex plus tard, c’est maintenant que je réalise que non, je n’aurais pas dû me laisser tenter. Résultat, j’ai mal au ventre, j’ai le visage tellement bouffi que j’ai l’air d’une crise d’allergie ambulante et je trouve que la vie c’est de la marde!

Dire que je croyais que ça se voulait thérapeutique comme démarche… Les maudits films de filles. C’est juste bon pour vous aidé cultivé un rêve surréaliste. Certains les écoutent pour se dire qu’ils y croient encore, d’autres, pour se dire qu’ils n’y croient plus pantoute. Je me situe entre les deux. Disons, j’y crois encore, de moins en moins et certainement pas dans ma vie à moi. J’y crois pour les autres, mettons.

On aurait dû placer des électrodes sur ma tête pour calculer l’amplitude de mes réactions face à certaines scènes critiques du film. Comme la passe où il lui dit finalement le "je t’aime" tellement convoité. Oh my god! J’ai pleuré!

Je dois certainement être dans mon ovulation. Tout à l’heure, j’ai étouffé un petit sanglot devant une annonce de yogourt.

Maintenant, je vais aller me mettre des concombres sur les yeux avant qu’ils sortent de mes orbites. J’aimerais quand même retrouvé mon visage habituel demain.

6 avril 2011

Malaise verbal

♪«Tu me dégueules»

L’amour était né. Des poussières, des cendres, de cries, l’amour était né. Dans un long corridor, dans la gare centrale, derrière la porte, dans le ventre, sous les draps, l’amour était né. L’humain, le cœur. La bête, le corps. La tête, le souffle. Souffrir derrière le masque du désir, la honte, l’amour était né. Peine perdue. Une main tendue dans le vide, le regard fixé vers le ciel, il n’y a plus personne dans le parc à cette heure-ci. Un saut, un plongeon, un sursaut, le plancher, l’amour était né.

L’absurdité même. Lire entre les lignes d’une main. Un art divinatoire révélant la déchéance d’un être sans défense. L’amour ne peut naître des restes dans mon frigidaire.

J’aurais voulu me battre. Lever le poing vers le ciel en signe de protestation, j’aurais voulu crier à l’injustice. J’aurais voulu faire un doigt d’honneur magistral à tous ceux qui n’y ont pas cru. J’aurais voulu rire aux nez des gens.

L’emploi du conditionnel n’est que subjonctif à un présent plutôt imparfait. Je divague. Au prise avec une diarrhée verbale complètement saugrenue et inutile, je vomi des mots et je chie des paraboles. Je finirai sans doute par toute flusher ça en me disant que cette nausée grammaticale passera. Trois fois passera vite vite vite vite!

Rétrospective amoureuse plutôt douteuse

♪«It’s almost like you had it planned. It’s like you smiled and shook my hand and said: "Hey! I’m about to screw you over, big time!"»

«Dites merci à madame Lolie»… Ben voyons?! Tu te prends pour qui? Merci pour quoi? Pour ne pas avoir mis le feu à tes vêtements enduis de mon vomi en criant des grossièretés en latin ou merci de t’avoir permis de scraper deux mois de ma vie?

Monsieur qui veut avoir l’air du gentil jusqu’à la dernière minute, pfft! Avec d’autre s’il vous plait. Certes, une chose est certaine, c’est que, pour moi, les réalisateurs glauques de films macabres, c’est terminé. Je veux autre chose que quelqu’un qui tourne des films bruns avec des images brunes sur des évènements bruns qui donnent juste envie de s’ouvrir les veines la bouche pleine de pilules la corde au cou!

Ciel, donnez-moi quelqu’un de stable qui aime les longues marches en forêt. Quelqu’un qui aborde fièrement le chandail à tête de loup et le bas dans les sandales. Si c’est ça qu’il me faut pour avoir une relation normale, bien, c’est ce que je prendrai. Je ferai des confitures à la rhubarbe dans mes après-midi de congé et je serai heureuse lorsque Garou jouera à la radio!

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♪«Can you put me on the list? »

La normalité n’est-elle pas accessible? Pourtant, je me considère normale, et je me considère accessible. Des fois, je me demande si j’ai un aimant à trou du cul de greffé sur le derrière!

Si je fais seulement faire un petit condensé des deux dernières années, amoureusement parlant, j’ai seulement envie de me mettre en position fœtale et de pleurer ma vie. Ok, on s’amuse, et on regarde ça ensemble, j’aime les rétrospections (et j’aime faire des listes aussi) :

1. 1. L’ex

2. 2. Le junky mormon étrange avec des problèmes de foie

3. 3. L’homme en couple qui restera en couple toute sa vie

4. 4. Le gars qui m’aimait tellement mais que j’ai appris sur Facebook que non seulement il avait une blonde, mais qu’en plus elle était enceinte de 7 mois!

5. 5. Le propriétaire d’hôtel… au Costa Rica (pas très pratique)

6. 6. Le gars qui se cherchait une mère

7. 7. Le roumain qui voyageait trop

8. 8. Le gars qui se cherchait encore une mère

9. 9. Le peintre en bâtiment beaucoup trop jeune qui ne connait rien à la vie

10. 10. Le gars avec les problèmes d’adaptation sociale

11. 11. Le retour du gars qui se cherchait encore et toujours une mère

12. 12. Le vieil ami qui sort de nul part

13. 13. Finalement, le réalisateur de film glauque qui ne croyait plus en l’amour

Voilà, deux ans de marde d’amour de marde… de marde! (Au moins, j’ai pas eu droit à un deuxième épisode du gars qui aimait faire du beucycle!)

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♪«There’s an empty space inside my heart»

Bref, je semble aigrie, vite vite de même, je sais. Mais sachez que malgré tout, j’y crois encore. Heureusement (j’aurais tellement tendance à dire malheureusement, m’enfin) j’y crois encore. Quand même, je me console, c’est pas si pire tout compte fait et ça me donne un paquet d’anecdotes plus savoureuses les unes que les autres dans les soupers bien arrosés. En plus… y’a pas juste ça l’amour dans vie! (OUAHH!!! Regardez qui parle!)