29 décembre 2011

Nobert Cormier

Les fruits du cormier derrière la maison sont bien rouges. Comme s'il s'était auto-décoré pour Noël. Complètement gelé, il offre son sorbet amer aux oiseaux. Ils semblent se régaler, je ne comprends pas.

Quand j'étais petite, nous avions un cormier devant la maison, il s’appelait Norbert. Je ne me rappelle plus pourquoi, mais l'idée que mes parents donnent des prénoms aux arbres me plait bien.

Je me rappelle des enfants de mon ancien quartier. Je me rappelle des guerres de cormiers. Nous prenions le maximum de petits fruits, plus nous pouvions nous en rentrer dans la bouche, plus nous étions satisfaits. Puis, dans un élan sans fin, nous les soufflions le plus fort possible afin de transformer notre bouche en véritable mitraillette naturelle.

Je me rappelle des rires, de tous ces enfants courants autour de l'arbre, agrippant toutes les munitions que leurs petites mains pouvaient contenir. Je me rappelle de Norbert, l'arbre roi, le marchand d'armes, devant la maison.

Toutefois, ce que je me rappelle le plus, c'est le goût de ces petits fruits. J'ai souvenir de leur saveur âcre, lorsque l'un d'eux, telle une ogive, explosait dans ma bouche. Je me souviens de cette subite envie de vomir sur le pavé tellement c'était insupportable.

Ce matin, je regarde les oiseaux se régaler dans le cormier... je ne les comprends pas.


11 décembre 2011

Pas viking pantoute

♪«Never let me go»

J’ai le cœur qui sert. Je me suis avouée vaincue, j’aurais dû me battre. Enfiler mon suit de gladiateur et entrer dans l’arène. J’aurais dû me battre pour te garder. Aller contre vents et marées, être un viking, sans pitié, pleine de fierté. J’aurais dû te montrer que moi aussi, j’en vaux la peine. Te prouver que mon cœur, bien qu’écorché, bat encore quand tu es là.

J’ai le cœur qui sert. Je t’ai perdu deux fois.

J’espère que tu réalises la nature de ma réaction. Je sais que tu es intelligent. Je me suis fâchée, je me suis emportée, je t’ai laissé aller parce que je ne gagne jamais à ce genre de combat. Je t’ai laissé aller pour me protéger. Pour laisser mon cœur, bien à l’abri, dans sa petite boite de carton brun. Oui, je suis pathétique, mais au moins, j’ai le mérite d’être sincère.

Secrètement, j’espère encore tes pas dans l’entrée. Toi, qui entre sans frapper. Secrètement, j’espère encore un câlin qui me lève de terre comme tu sais si bien les faire.

Vendredi, j’avais mis un chou sur cette petite boite de carton brun. J’avais mis une bouche rouge sur mon cœur, j’étais prête. Maintenant, j’ai le cœur qui sert, j’ai fait le nœud trop serré, le chou est tombé, oui, je suis pathétique avec ma petite boite brune presque vide, mais au moins, j’ai le mérite d’être sincère.

Je t’ai perdu deux fois. J’aurais dû me battre. Maintenant, j’ai le cœur qui sert.

***

♪«Buy this car to go to work, drive to work to pay for this car»

Lundi, je retournerai au travail, j’irai me perdre dans les chiffres, ils m’apporteront réconfort parce qu’eux, ne bougent pas, ne changent pas puis ils réagissent toujours de la même manière. Je redeviendrai la workaholic que je suis et j’aurai l’air en pleine forme. Le soir, je reviendrai à la maison, je mangerai mes émotions avec le chien qui s’ennuie déjà de toi. La fin de semaine, je lirai mes conventions collectives, je me saoulerai pour oublier. Les lundis, je retournerai au travail, écorchée, le cœur qui bat à peine, la tête dans les chiffres, j’aurai l’air en pleine forme.

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Après ça, les gens se demandent pourquoi je suis sauvage. Tsss…

10 décembre 2011

Vraiment trop tard

♪«It’s been days now and you change your mind again»

Hier, je t’ai dit que je ne voulais pas que ce qui se passait entre lui et moi puisse mettre de la distance entre nous. Toi, en amie bienveillante, tu es allée lui dire que tu l’aimais. J’ai encore de la difficulté à comprendre ton sourire quand je t’en ai parlé. J’ai encore de la difficulté à comprendre pourquoi tu m’as parlé de ton ex. J’ai encore de la misère à comprendre pourquoi tu m’as rassuré. Quand je te regarde agir, je me demande vraiment où le monde s’en va…

Tu lui as dit que tu l’aimais. J’espère pour toi que c’est vrai. J’espère pour toi que tu sais vraiment c’est quoi, aimer. Aimer sainement. Parce que c’est ce qu’il mérite, être aimé sainement.

J’ai réagi comme une conne. Je me suis fâchée contre lui, j’ai canalisé toute la haine que j’avais pour toi, sur lui. Il ne méritait pas ça. Il ne mérite pas la haine.

J’espère que vous avez dormi collés. J’espère que tu ne lui as pas donné ton cul comme s’il n’était qu’un trophée de chasse. J’espère que vous vous êtes dit de jolies choses. J’espère que ce matin, vous déjeunez ensemble, heureux.

Offre-lui tout l’amour qu’il mérite. Moi, comme d’habitude, je vais prendre mon trou.

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♪«Because life’s not a happy ending»

God damn! Je suis vraiment trop gentille!