25 février 2011

Deux ans

♪«To find someone you love you gotta be someone you love»

Être en paix avec moi-même. En paix avec qui je suis, en paix avec se que je représente aux yeux des autres. En paix avec ma tête, avec mon cœur, avec mon reflet. Malgré mon tourment constant, je suis en paix. Être en paix avec son tourment intérieur, l’accepter, vivre avec lui, former un tout. Être en paix, même si ça n’arrête jamais dans ma tête. Être en paix avec ma maladie.

Mon tourment, ma maladie, ma peur, moi post-diagnostique. Souvent je me dis que si je n’avais pas poussé l’investigation de mon mentale, je n’en serais pas rendue là. Être en paix. Le tourment qui m’habite. L’intensité de ma personne. Moi post-diagnostique.

***

♪«I just want to be ok, be ok, be ok today!»

Je suis toujours alerte. À l’écoute. Les phases de sommeil, mon comportement général, mon alimentation, mes sauts d’humeur, mes coups de tête. Je suis toujours alerte et j’ai choisi de l’être.

Me laisser aller. Glisser jusqu’à en perdre pied. Perdre pied, perdre tête. Me laisser aller pour me perdre à nouveau. Pour encore me retrouver en morceaux. Pour encore les recoller, un peu tout croche. J’ai choisi de rester alerte. Ma vie est un combat. Ne pas retomber, ne pas monter trop haut, rester stable, au niveau, être en paix.

Tous les jours la même histoire. Tous les matins, la même fille dans le miroir. Je suis en paix. Je suis en paix avec le fait que je ne le serai jamais.

***

♪«Shame shame it’s time to leave now»

Je célèbrerai bientôt mon deux ans pile sans médication.

Je travaille fort, tous les jours, garder le cap, ne pas perdre pied. Oui, ma vie est un combat. Vous ne savez pas, vous ne vous doutez pas, c’est normal, je n’en parle pas. Cette lutte qui n’en finira jamais entre moi et moi post-diagnostique. C’est mon combat, ma lutte, ça m’appartient et ça fait un bail que j’ai compris que personne ne pouvait m’aider. C’est bien malheureux, mais c’est comme ça.

Lolie face à la vie. J’ai choisi de vivre, c’est déjà pas mal. Vivre ma vie, vivre mon tourment, vivre ma peur, vivre ma maladie, vivre mon combat.

Je célèbrerai bientôt mon deux ans pile sans médication. Je suis fière de moi.

19 février 2011

Être une reine?!

♪«I’ll tell you, what you already know»

Toute la beauté du monde, allongée, là, sur mon divan, à porté de main. Elle laisse l’alcool retomber avant de prendre la route. Je pourrais la toucher, elle est là, à portée de main, juste là. Son visage brille comme la lune, il a raison.

J’aime cette femme. D’un amour un peu surréaliste, surdimensionné parfois, un amour vrai, un amour pur. Toute la beauté du monde, allongée, là, sur mon divan, accessible malgré toutes ses carapaces. Elle est belle comme le soleil, il a raison.

Le rayonnement de son être me transperce. Je suis transportée, heureuse, émue.

Elle me fait des confidences. Elle me parle de lui. Elle pleure, de joie, de bonheur de honte. Je pleure aussi, ça me touche, je suis comme ça. Pleurer avec elle, pleurer ensemble, pleurer pour elle, pour la joie, pour le bonheur, pour la honte. Il aime cette femme, il a raison.

Elle me fait des confidences. Je trouve ça beau, je ne la juge pas. Je l’aime et à ma façon, je la comprends. Il l’appelle princesse, il a raison.

Avec toute la sincérité du monde elle me dit que si elle est enfin une princesse, je suis une reine. Je suis une reine, je pleure et je suis heureuse. Heureuse avec elle, pleurer avec elle, parce que c’est comme ça. Parce que c’est bien comme ça.

Cette soirée-là, une princesse qui brille comme la lune allongée, là, sur mon divan à portée de main. Cette soirée-là, j’ai pleuré comme une reine. Cette soirée-là, j’étais heureuse, pour vrai, à portée de main.

Précieuse amie. Je t’aime.

Tenir compagnie

♪«Be my, be my baby»

Honte sur moi, je n’ai pas fait de spécial Saint-Valentin. Oh oui, la fête de l’amour, les oiseaux cuicui, les fleurs, le chocolat, l’ode au dégueulasse. Pour moi, la Saint-Valentin se résume à ceci : C’est lundi, je sors mes vidanges. Quoique, j’ai quand même eu un courriel de 5 mots qui m’ont fait sauter de joie comme une écolière en rut mais ça, c’est une autre histoire.
***

♪«Don’t be running late, are you on time today?»

Je n’ai jamais autant écrit de ma vie. Je n’écris pas ici. Contrairement à ce que j’ai fait toute ma vie, cette fois-ci, j’écris à quelqu’un, pour quelqu’un, qui me lit, qui aime me lire et qui me répond. Je n’écris pas dans le vide, dans un petit cahier comme je m’y étais habituée. Les lettres privées de destinataire, ça me connait, avec le temps, c’était presque devenu hobby.

Cette fois, c’est différent. Je shoot les pages. C’est ma façon d’être un peu avec lui, tous les jours. Je lui tiens compagnie, l’homme occupé. Il répond toujours, trois mots, deux lignes, je suis folle comme de la marde! Deux, trois, quatre fois par jour, il laisse sa vie d’homme occupé de côté et prend une minute de sa vie d’homme occupé pour m’écrire trois mots, deux lignes, je suis folle comme de la marde!

Trois mots, deux lignes, une minute, ça ne me dérange pas. Je comprends l’homme occupé. Il a la vie que j’aurais toujours voulu avoir. L’homme occupé occupe ma vie et je lui tiens compagnie. Tous les jours, c’est comme ça, c’est correct comme ça. Je me dis que malgré sa vie d’homme occupé, il prend deux, trois, quatre minutes de sa vie, pour me lire, pour me répondre, pour me dire qu’il est toujours là et que moi aussi, je suis toujours là, à ma façon, avec lui, tous les jours.

***

♪«So I can set me free»

Par moi surgit l’inconscient de ta présence. De mon être délurée la renaissance de mon âme dans la tienne. Mon corps à jamais perdu, ton esprit à jamais retrouvé. Le néant m’avale, les pores de ma peau ne s’en peuvent plus. L’existence n’est plus un fardeau, le tourment s’est endormi. Mon regard transperce la vie, dans mes yeux la lumière, dans mon ventre le désir, dans mon esprit ton regard. Ta demeure, ma démence. Mon corps, ta passion. Le néant m’avale et je me retrouve. Vivante, les pores de ma peau ne s’en peuvent plus.

5 février 2011

Kitsch, légère et en paix

♪«It’s just the nearness of you»

Ce doux sentiment de légèreté. Je me sens légère. Par ta faute. Par ta très grande faute. Les ailes que j’avais perdues il y a si longtemps commence à repousser tranquillement. Je croyais les avoir perdues pour toujours. Quelqu’un me les avait volées, dérobées de moi les ailes bien aimées.

De longues années, clouée au sol, je croyais bien être condamnée. Condamner à errer par terre, les trottoirs de la ville, gris, mornes, sales. Adieu le bleu. Adieu les nuages. Bonjour la vie plate. Les hommes sont passés, un après l’autre, mes ailes, toujours égarées. Les relations faciles se sont enchaînées sur les trottoirs de la ville, gris, mornes, sales. Puis toi, les ailes, je suis kitsch.

Avec toi, c’est différent. Je m’attache parce que j’en ai envie. Je ne me sens pas obligée, c’est tellement naturel, tellement simple. Je me sens légère et dehors c’est bleu. Je gambade dans le corridor pour te rejoindre dans la cuisine. Tu souris, tu es heureux. Avec toi, ici, maintenant. Avec toi, demain, même si tu es déjà parti. Je souris, je suis heureuse et je trouve ça ben ben drôle. Je m’attache parce que j’en ai envie. Je me sens moi. Je n’ai même pas besoin d’entrer dans un cercle de séduction ridicule et impétueux. Tu ries de mes blagues grivoises, tu manges mon poulet à 4 heures du matin même s’il a passé la nuit sur le comptoir, tu me fais parler, tu aimes quand je parle trop, tu trouve que mon bordel me rend accessible et tu trouves ça ben ben drôle! Je m’attache parce que j’en ai envie. J’ai envie d’être légère avec toi. Viens jouer, dehors c’est bleu et j’ai retrouvé mes ailes perdues! (super kitsch)

***

♪«And it really makes me wonder if I ever give a fuck about us»

Maintenant j’ai compris ce que tu représentes, outre de ne plus rien représenter, ce qui est tout à fait contradictoire, j’en conviens, mais tout de même fidèle à moi-même. Au lieu d’être seule, j’ai décidée d’être seule avec toi. Je me suis attaché à toi comme à une bouée. Je me suis garoché sur la première personne qui voulait bien de moi. J’ai cultivé l’amour vide de sens, vide de vie, vide de moi. Après mûres réflexions, j’ai compris que j’étais mieux seule, qu’être seule avec toi. Je me suis forcé à y croire, parce que c’est bien, parce que c’est comme ça, parce que tout le monde le fait, parce que les gens disent que c’est mieux d’être avec quelqu’un qu’être seule. Dégueulasse, incohérent et ridicule, j’en conviens, mais tout de même fidèle à moi-même.

Maintenant j’ai compris, j’espère que toi aussi tu as compris. Que tu as appris de tout ça. Que tu décideras d’être seul au lieu d’être seul avec elle. Que tu ne t’attacheras pas à elle comme à une bouée. Que tu ne te garocheras pas sur la première fille qui voudra bien de toi. Que tu ne cultiveras pas l’amour vide de sens, vide de vie, vide de toi. Tu n’as pas besoin de bouée, malgré tout ce que tu peux penser, malgré tout ce que je peux penser, tu mérites mieux qu’une simple bouée. Ne te force pas à y croire, parce que c’est bien, parce que c’est comme ça, parce que tout le monde le fait, parce que les gens disent que c’est mieux d’être avec quelqu’un que d’être seul. Dégueulasse, incohérent et ridicule, tu en conviendras, mais tout de même fidèle à toi-même.

Ce soir, je me suis réconciliée avec ce que tu représentes même si tu ne représentes plus rien. Vas en paix! Mais redonne-moi mes clés avant stp… merci! :)

3 février 2011

Je demande nous

♪«My heart won’t stay entirely in this rib caging»

Je serai ta matière, tu seras mon livre
Libère-toi des autres
Laisse-moi vivre en toi
Être ton souvenir, être ton soupir
Qui sommes-nous?
Qui? Nous?
Qui sommes-nous pour nous demander :
Qui? Nous?
Rien de plus, rien de moins
Une autre histoire sans lendemain
Deux fous qui se cherchent
Deux fous qui se trouvent

Je serai ta matière, tu seras mon livre
Nous ne voulons pas nous fondre
Qui? Nous?
Notre reflet aux yeux des autres n’est rien
Ce reflet n’est pas qui nous sommes
Qui sommes-nous?
Demandons-nous :
Qui? Nous?
Je nous demande
Rien de plus, rien de moins
Une histoire de livre
Un livre d’histoires

Deux fous que se cherchent
Deux fous qui se retrouveront
Entre deux lignes, entre deux livres, entre deux vies
Entre toi et moi
Un livre, un délire, une vie
Formons un nous
Formons un tout

***

♪«What can I compare you to? A window that sun shines through»

Tout ça est bien étrange. On est fou et ça me plait. Tu me fais rire, tu es si loin et si proche. Je me sens bien lorsque l’on tergiverse sur tout, sur rien. Je me sens moi. Merci mon ami.