23 mai 2011

La mer, des mots, mon bureau

♪«Là où y’a les mots»

Ce soir j’écrierai. J’écrierai pour me fondre dans cette page. Je jette l’éponge, je jette l’encre. Je jetterai l’encre sur cette page pour me fondre en elle, avec elle, pour toujours. Tous les mots que j’utiliserai voudront dire quelque chose pour moi, à mes yeux, dans mon cœur. Les mots s’occuperont de moi, ils poliront mon cœur, me brosseront les cheveux, me feront à souper. Ils me diront de jolies choses et ne me laisseront jamais tomber. Ce soir j’écrierai. Parce que c’est comme ça, parce que c’est mieux comme ça. Ce soir, j’irai trouver refuge là où y’a les mots, parce que plus jamais je n’aurai à appuyer sur send.

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♪«I move in water, shore to shore, nothing’s more»

Elle est née sur le bord de mon œil droit. Elle a glissé tranquillement sur le bout de mon nez pour atterrir sur mon bureau. J’ai penché ma tête pour savoir ce qui se passait, comprendre mieux ce qui m’arrivait. Les yeux, rivés sur mon bureau ; une marre s’accumulant sur celui-ci.

Tous l’ont vu sortir de mon œil, tous l’ont vu se glisser sur le bout de mon nez pour ensuite se suicider sur mon bureau. D’un geste d’allégeance, elles l’ont toutes suivie. Venant, ainsi, une à une, s’enlever la vie devant mes yeux. Se fondant les unes contre les autres, formant un tout, une jolie petite flaque de peine.

La marrée monte et je ne peux la retenir. Mon être, submergé par cette vague saline, ne peut combattre. Je me suis laissé avaler par la mer. Je ne peux avoir peur de me noyer, je suis une nageuse hors paire.

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♪«Someday my pain will mark you»

Je déteste te savoir dans la Capitale. La peur de te croiser, la peur de voir ton regard, la peur de te voir indifférent. Le tout savamment mélangé avec le profond désir de provoquer les choses. Je suis un être remplie de contradiction, je sais.

Je voudrais te croiser pour que tu te souviennes, je voudrais t’éviter pour oublier.

J’aimerais qu’en voyant mon visage tu te rappelles de nous. Combien nos étions beaux. Combien nous nous moquions des autres. J’aimerais que tu te rappelles nos regards échangés dans le taxi quand tu m’avais pris par la main. J’aimerais que tu te souviennes de mon sourire, j’aimerais ne pas être, tranquillement, en train d’oublier le tien. Je voudrais être jellybean à nouveau, juste pour toi. Je voudrais bien combler tes rages de sucres mais avec tout le sel que j’ai sur le visage, ce soir, j’ai suis loin d’être un putain de bonbon à la con!

17 mai 2011

Lu, vu, su, entendu #4

►Exclamation de la semaine : Oh Yeah! Pimp mon livreur de poulet!

►Entendu dans l’autobus : «Tu sais moi… savoir ce que je ne sais pas…»

►Constatation publicitaire : Calcium, Oméga 3… C’est à croire qu’un yogourt peut te sauver la vie!

►Entendu pendant qu’on regardait des photos de bébés : «My god! C’est vraiment son grand-père tout chié!»

►Conversation entendue à propos de mon pyjama : «Je l’aime vraiment pas son pyjama!

- Arrête, il y a des petits singes dessus, c’est super mignon!

- Il est laid quand même!

- Arrête de chialer! Au moins, c’est pas des gros utérus!» ©Ma mère qui défend mon pyjama.

►Statut lu sur Facebook qui me trouble encore : «Bécote-moi le Garou!»

►Entendu au club vidéo : «Quand je suis avec lui, je me sens pareille comme dans Twilight!»

►Phrase réconfortante : «Tu sais, même quand c’est brun, y’a de l’espoir… y’a de la lumière au boute de la marde!»

►Réponse qui me laisse encore dubitative : «J’ai vraiment faim!

- Autant que Cédrika?...»

►Résultat d’une expérience grammaticale : C’est fou comme un Y bien placé peut déstabiliser quelqu’un!

►Lu un jour : Vivre dans un bonheur beige et faire des enfants pastels

►Éternel dilemme : Faire des tartes ou prier Jésus?

9 mai 2011

Prendre son pied

♪«I still travel by foot and by foot it’s a slow climb»

J’ai des petits pieds pour ma grandeur. On dirait vraiment qu’eux, ont oublié de suivre le reste pendant ma croissance. Je suis restée avec mes pieds de petite fille. Remarquez, ça ne m’incommode pas du tout. J’ai appris à vivre en harmonie avec ses petits membres.

Bon, j’ai des petits pieds! Puis après? Ce n’est pas un handicap non plus! Disons juste que l’expression "sentir les petits pieds" prend tout son sens avec moi. Bon, ça y est! Non seulement je suis en train de vous avouer mon problème génétique le plus intime, mais en plus, je suis en train de me commettre sur l’odeur qu’émane celui-ci! Un problème génétique qui pue! Quelle honte!

De toute façon, qui peut se vanter de ne pas souffrir d’effluves pédestres gênants suite à une journée de travail éprouvante? D’après moi, la femme du docteur Scholls n’avait pas se type de problèmes. Elle s’était bien placé les pieds celle-là!

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♪«Ses bottes sont faites pour marcher»

J’avoue que ce n’est pas toujours facile pour moi de trouver des souliers. Je dois souvent opter pour l’escarpin pointu parce que les bouts ronds se camouflent sous mes pantalons et qu’on dirait que je flotte au lieu de marcher. Ce qui peut vraiment sembler étrange pour les gens qui me voient venir de loin. Quoique bon, ça pourrait certainement aider à cultiver le mystère autour de ma personne. "La fille qui flotte" ça sonne bien quand même.

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♪«If you don’t have a date. Celebrate. »

Tu me disais que j’avais les pieds doux. Tu es certainement la seule personne m’ayant dit une absurdité pareille. Je n’ai jamais compris, je n’ai jamais eu les pieds doux de toute ma vie sauf pendant la période où je t’ai côtoyé.

J’ai toujours eu cette corne rude et dure (eille vraiment moi, je verse dans les confidences pas possible aujourd’hui!) sur le talon. Genre du truc tellement désagréable au touché qu’on voudrait juste se gratter le dos avec. Si seulement j’étais capable de telle contorsion, mes cadres de porte seraient certainement épargnés.

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♪«And I’m getting back on my feet again»

Aujourd’hui, je suis allée dépenser mon argent chez Lush. Question de gâter mon côté typiquement fifille. L’été s’en vient vous savez, je me dois de rayonner le célibat… c’est comme ça.

C’est complètement fou, mais tellement thérapeutique. Avoir une peau de bébé pour oublier que je m’en vais sur mes 30 ans. Prendre soin de moi parce que je me demande bien qui pourrait le faire à ma place (euh… personne! (pas parti comme c’est là en tout cas!))

S’épiler pour mieux se flatter dans le sens du poil. S’exfolier les peaux mortes pour se sentir vivante. Se raidir les cheveux pour mieux les friser. Un monde rempli de contradictions!

Bref, j’ai décidé que j’allais retrouver mes pieds doux. J’ai tout acheté en conséquence. J’aurais les pieds doux sans toi et c’est bien mieux comme ça. Quand j’aborderai fièrement la gougoune en juillet et que tous seront éblouis par leur allure désinvolte, je serai contente d’avoir des petits pieds (ça coûte moins cher à crémer… tsé!)

7 mai 2011

L'amie médiocre

Je suis nulle dans le réconfort. Je suis une bien piètre amie. J’excelle dans le claque dans le dos, dans les coups de pied au cul, dans le shakage de cage. Mais quand il n’y a aucune cage à brasser, que de petits morceaux à ramasser, honte sur moi, je suis nulle.

J’aimerais tant te consoler, te dire de jolies choses, je me sens maladroite. J’aimerais te prendre sous mon aile, te faire de la soupe aux nouilles, flatter ton visage quand tu pleures, mais je ne sais pas comment.

Certes je t’aime, oui je t’aime, l’amour avec moi, ça vient en package deal quand t’es mon amie. Je sais que mon amour ne te suffit pas, j’aimerais trouver les mots, pas capable. La seule chose que je peux faire c’est t’aimer, à distance en plus. Je trouve ça tellement poche.

Chaque fois que je te parle, après je me trouve conne. Je suis une bien piètre amie. Chaque fois que je te lis, le cœur me casse. Ça me touche, je ne veux pas que tu es mal, personne n’a le droit de te faire de mal, ça me tue te voir souffrir, je déteste ça. J’aimerais t’apporter ce que tu as besoin, t’aider dans tout ça, transporter ton divan à bout de bras, n’importe quoi, mais je sais pas… c’est ça le truc, je sais pas!

Sais pas quoi faire, sais pas quoi dire, sais pas comment réagir, sais pas comment faire.

Je voudrais te faire un petit cocon de coton, pour que tu puisses te lover, écouter des That70show en mangeant des chocolats. Je passerais trois boîtes de kleenex pour toi mon amie! (Tu vois, même ça, je trouve ça ben cute, mais je sais que ça ne changera rien)

Inutile et impuissante. Voilà ce que je suis. Je suis peut-être une bien piètre amie, mais je t’aime en criss!

3 mai 2011

Le deuil

♪«And tell me your own politik»

Je n’aime pas parler de politique. À vrai dire, ce n’est pas un sujet j’affectionne particulièrement. Quoique bon, comme tout le monde, je suis préoccupée par l’avenir de mon pays, par les valeurs que celui-ci inculquera aux générations futures, par les différents enjeux sociaux. Bref, ça m’intéresse, mais pas de là à en faire un discours fréquent dans ma vie de tous les jours.

Aujourd’hui, je suis triste et je suis déçue. Je suis une endeuillée politique. J’ai l’impression de ne pas comprendre le reste de mon pays. J’avoue même avoir peur un peu de ce qui s’en vient. Je me sens comme si tous mes droits étaient bafoués d’avance.

Certes, le Québec s’est levé, il a parlé fort, il a dit qu’il voulait changer. La vague orange qui a balayée notre province en est une preuve. Toutefois, les résultats globaux me plonge dans une grande incertitude. Je ne comprends pas le reste de mon pays. J’ai toujours été consciente que le Québec était un peu à part et pas seulement par cette langue qui nous distingue, notre différence est bien plus grande qu’une histoire de langage. On l’a bien vu hier!

En tout cas, aujourd’hui j’aborde le noir, comme une veuve. Qui sait, peut-être que bientôt, j’écrierai en anglais, j’aurais une marque au fer chaud sur la nuque et un code barre sur les fesses! N’empêche que dans mon cœur, il y aura toujours une fleur de lys qui pour moi, sera toujours synonyme de liberté.

J’aime ma province et je suis fière de nous. En tout cas, nous-autres, ils ne nous ont pas eus!