28 avril 2012

Le retour de la flaque


♪«Mais aujoud’hui ma vie c’est d’la marde»

Je me suis retrouvée là où les mots ne veulent rien dire. Comme l’amour bohémien perdu dans une ville trop grande, beaucoup trop de gens, beaucoup trop de gens. Comme une adolescente rachitique cachant ses tibias dans un pantalon bouffant. Cacher ses formes, former un tout, cracher ses formes, ne rien former du tout. Troquer sa verve, éponger sa peine, se taire, se taire, se taire.  

Je me suis retrouvée là où les mots ne veulent plus rien dire. À boire du thé en écrivant des lettres d’amour ridicules sur des napkins cheaps de restaurants cheaps. Je les ai épinglées sur le mur en souvenirs de rien. J’aurais voulu les choses différentes. J’aurais préféré te voir pratiquer tes coupes de viandes sur un orignal. J’aurais voulu les choses différentes. J’aurais apprécié garder mon panache. 

Je me suis retrouvée là où les mots ne veulent rien dire. Mon cœur, sorti de sa petite boîte de carton brun. Mon cœur, exposé sur le blanc de la neige. Mon cœur, explosé sur un banc de neige. L’hiver à fondu laissant là, une petite flaque de rien au beau milieu de la rue. Éponger, se taire, se taire, se taire.

Là où les mots ne veulent plus rien dire. Là où mon mutisme gorge mes yeux. Éponger. Je suis une petite flaque de rien, au milieu de la rue, s’épongeant en silence.  
  
Tu as accroché un panache sur ton mur de chasse. J’ai épinglé des napkins sur un mur de rien… well… la vie c’est d’la marde!