10 mars 2010

Malouine ou la fatalité

♪«Yeah the truth is that I miss you so»

J’essaie d’y penser le moins souvent possible. Tu m’aurais dit que je vis dans le déni, je t’aurais fait un doigt d’honneur et tu aurais ris.

Ce sont tous ces petits moments qui me manquent.

Aujourd’hui, j’aurais pris l’autobus, je serais allée te rendre visite à Montréal. J’aurais préparé le souper, nous aurions bu du vin, du porto, des cafés bayley’s... nous aurions trop bu. Nous serions sortis dans un bar quelconque sur Mont-Royal. Tu aurais bu de la bière et je serais tombée dans le fort. J’aurais dansé comme une collégienne en rut, tu aurais rit.

J’aurais dormi sur ton divan dans le salon. J’aurais eu du mal dormir parce que tu parlais dans ton sommeil. Le lendemain matin, j’aurais fait mon café, je serais allée te trouver dans ton lit. Nous aurions rit de notre soirée d’hier, nous aurions eu la tête dans l’cul et les deux yeux dans le même trou. Je t’aurais fait un gros câlin et tu serais venu me porter au terminus.

J’aurais été heureuse parce que j’aurais fait le plein de toi.

***
♪«Et c’est la mort qui t’as assassiné»

Tu appelais ça la fatalité. Tu tombais en morceaux. Tes organes te lâchaient un après l’autre. La fatalité... tu disais ça en haussant les épaules comme si rien n’était.

Tranquillement, tu nous préparais. Tranquillement, tu te préparais. Étions-nous prêts au bout du compte? Pas tellement... L’aurions-nous été un jour? Sûrement pas.

Tu étais fort, tu étais digne. Tu ne pleurais jamais devant moi. J’ai été forte, j’ai été digne. Je ne t’ai jamais pleuré devant toi. Je ne voulais pas perdre une précieuse minute en ta compagnie pour pleurer ton imminent départ. Je voulais profiter de tous ces instants de pur bonheur. Voir ton sourire. Entendre ta voix. T’aimer.

Un jour, tu m’avais demandé qu’est-ce que j’allais faire lorsque la fin serait arrivée. Je t’avais répondu que j’étais prête à laisser mon travail, faire ma valise et venir ici pour te tenir compagnie. T’éponger le front, te faire de la soupe, te masser les pieds, m’occuper de toi... T’aimer.

La dernière fois que je t’ai parlée au téléphone tu étais confus. Tes propos étaient décousus. J’étais bouleversée. Maman dit que c’est mieux que je ne t’ai pas vu dans cet état. J’aurais voulu te voir une dernière fois. J’aurais voulu te serrer contre mon cœur, sentir ton odeur. T’aimer.

***

La perte. Le dernier je t’aime que je ne t’aie pas dit. Les pleurs. Le départ. Le souvenir. Les rires. Le bonheur. La perte. La souffrance. La complicité. L’acharnement. Le déni. Le triomphe. La maladie. Le dernier je t’aime que je ne t’aie pas dit. La joie. L’espoir. La tendresse. Le déchirement. La violence. La perte. L’entêtement. La frustration. L’allégresse. La confusion. Le dernier je t’aime que je ne t’aie pas dit. Le délire.

***

♪«Nobody said it was easy. No-one ever said it would be so hard»

Pendant un instant, j’ai arrêté de vivre. J’ai cessé d’exister. Le tic-tac de l’horloge devenu inaudible, le temps c’était figé. Le regard absent, la voix de maman au téléphone. Le regard absent, les pleurs de maman au téléphone. Le regard absent, mes pleurs, le téléphone, ta mort.

***

♪« Tout toi me manque»

Tout ce que j’aurais voulu te dire, tu le savais déjà. J’aimerais encore faire le plein de toi. M’enfin bref... appelons ça la fatalité.

1 commentaire:

  1. Allo ma Carolie

    je venais faire ma curieuse sur ton blog... et maintenant, je ne peux pas repartir sans te dire un petit mot. Vraiment, c'est magnifique ce que je viens de lire... tu écris comme une reine, tu t'abandonnes... et les émotions passent tellement bien. En 2 minutes, j'ai eu les larmes aux yeux et le coeur serré. Prends soin de toi.
    2o millions de becs! :)
    Patricia

    RépondreSupprimer